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[numRevue]Mars 2015 • Vol. 10 No 3[/numRevue]

[lienPDF]https://www.fedecegeps.qc.ca/wp-content/uploads/2015/03/Perspectives-collégiales-mars-2015.pdf[/lienPDF]

[titre]Des cégeps de classe mondiale[/titre]

D’ici 2050, les trois quarts de la population mondiale vivront dans les grands centres urbains, l’Asie sera responsable de près de 50 % du produit domestique brut mondial, suivie par l’Afrique avec 12 %, alors que les leaders actuels, l’Amérique du Nord et l’Europe, diminueront de moitié leur influence pour en générer respectivement 11 % et 7 %. La classe moyenne mondiale passera de 300 millions de personnes à près de 3 milliards d’ici dix ans. Les défis humains, économiques et environnementaux à venir sont nombreux et infiniment complexes. Pour les cégeps, une question se pose : comment préparer les jeunes à mieux naviguer dans cette nouvelle réalité mondiale?

C’est notamment sur cette question que se sont penchés les participants du dernier congrès de la Fédération des cégeps qui a eu lieu les 22 et 23 octobre dernier à Montréal. L’événement intitulé Cégeps de classe mondiale a rassemblé près de 300 directeurs, gestionnaires, professionnels, enseignants et partenaires des cégeps pour faire le point sur leurs stratégies d’internationalisation et réfléchir à des façons de mieux se positionner dans cet univers en constant changement. Perspectives collégiales vous présente quatre idées issues des grandes conférences du congrès à retenir pour l’avenir de l’internationalisation des cégeps.

[sousTitre]1- S’ouvrir sur le monde est essentiel pour se développer[/sousTitre]

« Dans le monde du divertissement, il n’y a qu’un terrain de jeu : la planète », explique Stéphane D’Astous, producteur exécutif chez Moment Factory, une entreprise québécoise spécialisée dans la création d’expériences collectives multimédias, qui déploie 85 % à 90 % de ses projets à l’international. Assertion vraie dans le milieu des affaires, mais l’est-elle également pour le reste de la société? L’animateur, journaliste et analyste international Jean-François Lépine est catégorique : le Québec doit absolument s’ouvrir au reste du monde pour continuer de se développer. « Il se passe des phénomènes sur la planète actuellement qui font en sorte que si nous ne sommes pas présents, si nous ne nous ouvrons pas à l’international, nous ne pourrons pas assurer la richesse aux générations futures du Québec », affirme-t-il. Et la solution passera par l’éducation.

 

JFLépineCongrès test 1

Jean-François Lépine

[sousTitre]2- L’enseignement supérieur : la clé de l’avenir[/sousTitre]

Le secteur de l’enseignement supérieur compte maintenant pour 35 % du portefeuille total de développement de la Banque mondiale, alors qu’il y a quelques années à peine, cette proportion était de 5 %. Francisco Marmolejo, coordonnateur de l’enseignement supérieur de la Banque mondiale, croit que ce changement est notamment attribuable au fait que l’éducation sera l’un des facteurs déterminants dans les années à venir qui distinguera les pays dominants en matière d’économie, de développement social et de qualité de vie.

M. Marmolejo abonde dans le même sens que Jean-François Lépine : pour arriver à se positionner, les cégeps doivent observer ce qui se passe ailleurs et s’y intéresser. « Bientôt, les pays en développement auront la plus grande proportion d’inscriptions en enseignement supérieur au monde. C’est dans ces pays que le nouveau profil de l’enseignement supérieur sera défini. Nous devons rester à l’affût et garder un oeil sur ce phénomène, sans quoi nous ne pourrons pas demeurer pertinents et attractifs », signale-t-il.

[sousTitre]3- L’adaptabilité, la plus grande compétence du travailleur de demain?[/sousTitre]

Chez Moment Factory, on retrouve des ingénieurs, des designers, des programmeurs, des chefs de projets, mais aussi des inventeurs et des magiciens. Cyberlibraires, psycholinguistes et musiciens-ethnoépidémiologistes sont autant d’exemples de professions qui semblent sortir de films de science-fiction, mais qui émergent déjà ailleurs dans le monde. Francisco Marmolejo nomme ainsi l’un des grands phénomènes qui s’accentuera dans les prochaines années : la capacité d’un individu d’adapter sa formation à son environnement et au marché du travail. « On remarque déjà aujourd’hui qu’une grande partie des travailleurs exercent un métier complètement différent de celui auquel les avait préparés leur domaine de formation initiale », observe-t-il.

« […] Nous devons former aujourd’hui des jeunes qui utiliseront demain des technologies que l’on ne connaît pas pour résoudre des problèmes que l’on ne connaît pas encore »  

D’après le portrait qui se dessine pour le marché du travail au cours des prochaines années, l’adaptabilité sera l’une des plus grandes compétences que les jeunes devront maîtriser. « Le monde change tellement vite. Nous devons former aujourd’hui des jeunes qui utiliseront demain des technologies que l’on ne connaît pas pour résoudre des problèmes que l’on ne connaît pas encore », résume Jean-François Lépine.

[sousTitre]4- L’internationalisation n’est pas que de la mobilité[/sousTitre]

Si la mobilité étudiante et enseignante, de même que les partenariats entre établissements sont de bons moyens d’ajouter une dimension internationale aux cégeps, l’internationalisation de l’enseignement supérieur est toutefois un concept beaucoup plus englobant. « L’internationalisation, c’est trouver des façons d’intégrer la dimension internationale de manière intrinsèque dans les fonctions principales de nos établissements, de telle manière qu’elle en traverse toutes les structures. Et le meilleur outil dont nous disposons pour y arriver est la formation, puisqu’elle touche la totalité de nos étudiants », insiste Francisco Marmolejo.

Néanmoins, il n’y a pas de formule magique pour réaliser cette internationalisation et les solutions des uns ne sont pas nécessairement celles des autres. Raison de plus pour s’intéresser à ce qui se passe ailleurs et pour s’en inspirer, selon lui. « Ceux d’entre vous qui ont fait l’expérience de la mobilité savent que lorsque vous avez l’esprit ouvert et que vous faites preuve d’humilité, vous réalisez que les autres peuples du monde peuvent développer des façons de faire novatrices et efficaces, dont vous pouvez vous inspirer pour résoudre vos propres problèmes », disait-il aux participants du congrès.

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Un nouveau Portrait des activités internationales des cégeps

Portrait2014Lancé à l’occasion du congrès, le nouveau Portrait des activités internationales des cégeps est le reflet fidèle de l’état et de l’évolution de l’internationalisation des collèges d’après des données recueillies auprès de 44 d’entre eux sur 48. Quatrième mouture depuis 2000, il est le premier portrait publié par la Fédération des cégeps depuis l’inclusion de l’organisme Cégep international dans ses rangs, officialisant du même souffle la place prépondérante des activités internationales au coeur même de la mission et du projet éducatif des cégeps.

On peut consulter le Portrait des activités internationales des cégeps ici.[/boite]

[sousTitre]Les forces des cégeps à l’international[/sousTitre]

Le congrès a dressé un portrait dense et complexe de l’internationalisation des cégeps et de l’état du monde en 2014. Maintenant, où peuvent-ils s’insérer dans cette nouvelle carte mondiale?

Sylvie Thériault, directrice des affaires internationales de la Fédération des cégeps, mentionne d’emblée que les collèges possèdent plusieurs forces d’attraction sur la scène internationale. « Nous offrons 132 programmes techniques qui couvrent une variété énorme de domaines professionnels, nous avons des experts partout dans le réseau et nous privilégions l’approche par compétences dans le développement, la mise en oeuvre et l’évaluation de nos programmes. Les gens ne le savent pas toujours, mais les cégeps sont considérés mondialement comme des experts en la matière. C’est un atout attractif considérable et il faut s’en réjouir. »

Sa direction travaille en outre à positionner les cégeps dans les appels d’offres des grandes banques de développement internationales, une façon de promouvoir l’expertise des cégeps sur la scène mondiale et d’exporter leur savoir-faire. « Nous savons que le réseau est riche d’experts dans toutes sortes de domaines. Comme il est difficile pour un cégep de se positionner seul dans ces grandes compétitions internationales, nous utilisons la force du réseau pour y parvenir », indique Mme Thériault. Et la stratégie fonctionne.

En 2012, c’est la proposition des cégeps qui a été retenue, à la suite d’un appel de manifestation d’intérêt de la Banque mondiale, pour appuyer la création d’un établissement d’enseignement supérieur technique au Sénégal. Un premier Institut supérieur d’enseignement professionnel (ISEP) a vu le jour à Thiès, basé sur le modèle des cégeps en enseignement technique, et sert de modèle pour implanter 14 autres établissements similaires dans d’autres régions du pays. Le partenariat et la collaboration avec l’ISEP se poursuivent, avec l’inauguration plus tôt cette année du premier Centre d’excellence en entrepreneuriat jeunesse à Thiès, un projet qui fait étroitement appel aux compétences des cégeps. La création du Centre vise à développer les compétences entrepreneuriales de la jeunesse sénégalaise dans un contexte marqué par le travail informel et un taux de chômage élevé. Il a été créé grâce à la contribution financière du ministère des Relations internationales et de la Francophonie (MRIF) et du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de la Science (MESRS) du gouvernement du Québec.

La qualité de l’enseignement technique attire des étudiants de par le monde à venir faire des études collégiales au Québec, certains pays, comme la Nouvelle-Calédonie, l’île de la Réunion et la Guadeloupe, leur offrant même de l’aide financière à cette fin. Présents dans les 48 cégeps à travers la province, ces jeunes viennent profiter d’un enseignement reconnu mondialement et, par la même occasion, enrichissent les salles de classe, le milieu du cégep et parfois même la région, en favorisant l’ouverture sur le monde et les échanges culturels avec les étudiants et le reste de la communauté.

Une étudiante française en séjour au Québec, lors d’une activité de randonnée automnale dans les Monts-Valins au Saguenay  (Crédit photo : Marc Gagnon, directeur des services aux étudiants, Cégep de Chicoutimi)

Une étudiante française en séjour au Québec, lors d’une activité de randonnée automnale dans les Monts-Valins au Saguenay
(Crédit photo : Marc Gagnon, directeur des services aux étudiants, Cégep de Chicoutimi)

Par ailleurs, la mobilité étudiante et enseignante est en hausse depuis 2000 où l’on notait que 52 % des collèges avaient des ententes avec 16 pays, totalisant 16 programmes de formation. En 2014, cette statistique est passée à 80 %, pour 30 pays et un total de 46 programmes. Autre bonne nouvelle, l’internationalisation est de plus en plus inscrite comme priorité dans les plans stratégiques des cégeps, est davantage intégrée aux structures et implique un plus grand nombre d’acteurs.

Néanmoins, le problème majeur du développement du secteur international reste toujours le financement. Le plus récent Portrait des activités internationales des cégeps démontre que le nombre de partenariats internationaux tend à diminuer depuis 2010. « Depuis la suspension du Programme pour l’internationalisation de l’éducation québécoise (PIEQ) en 2011, il est plus difficile pour les cégeps de faire du développement. Il ne faut pas oublier que pour continuer à recruter des étudiants, à exporter notre savoir-faire, nous avons aussi besoin de ressources », fait remarquer Mme Thériault. Financé par le gouvernement du Québec, le PIEQ octroyait notamment aux collèges des fonds leur permettant de promouvoir leur offre de formation à l’étranger et de favoriser la création de partenariats internationaux.

Dans tous les cas, le pas de l’international est bien franchi pour le réseau collégial public. Mieux s’adapter au contexte international, c’est aussi une façon pour les cégeps de remplir leur mission éducative et de former des jeunes qui seront au fait de la réalité de notre société et mieux préparés à y évoluer au meilleur de leurs capacités.

[boite]Ils l’ont dit au congrès

« Nous ne sommes plus 48 cégeps au Québec, mais 48 cégeps dans le monde. Il nous faut en prendre conscience et agir en conséquence. » – Marie-France Bélanger, présidente du conseil d’administration de la Fédération des cégeps et directrice générale du Cégep de Sherbrooke

« Le talent attire le talent. L’innovation a un pouvoir attractif énorme. » – Stéphane D’Astous, producteur exécutif et chef des projets permanents, Moment Factory

« Il y a malheureusement toujours à l’échelle mondiale le préjugé que l’université est le seul endroit où les gens peuvent se prévaloir d’une éducation de qualité en enseignement supérieur. C’est pourquoi la contribution des cégeps à l’entièreté de l’offre en enseignement supérieur est aussi significative et importante. » – Francisco Marmolejo, coordonnateur de l’enseignement supérieur, Banque mondiale

« Nous sommes dans une situation où nous avons à revoir beaucoup de choses si nous ne voulons pas décliner, mais suivre les progrès de l’humanité et rester pertinents. Il nous faudra nous intéresser aux changements, car ils nous affectent quotidiennement, ne pas avoir peur, car la peur nous rend inefficaces, et il faudra nous adapter pour prendre notre place et gagner l’essentiel pour assurer l’avenir de nos enfants. » – Jean-François Lépine, journaliste, reporter, animateur, analyste international et président de l’Observatoire sur le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord (OMAN) de l’Université du Québec à Montréal

« Les grandes organisations internationales travaillent de plus en plus en partenariats et en réseaux. Nous devons absolument avoir une meilleure compréhension de ce que ça signifie pour pouvoir établir des liens à l’étranger et bâtir là-dessus pour faire notre place. » – Dominique Anglade, présidente-directrice générale, Montréal International

La Fédération des cégeps remercie ses partenaires du congrès : le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de la Science, Cégep à distance, CCSR et Coopsco

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