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Texte publié dans Le Devoir, le 21 janvier 1999, et dans Le Soleil.

Par Gaëtan Boucher, président-directeur général de la Fédération des cégeps

Nous sommes à la veille des négociations dans le secteur public et parapublic, et c’est pour les collèges un moment important. Car ce que notre réseau attend de ces négociations, c’est qu’elles apportent beaucoup plus de souplesse, d’ouverture et de polyvalence dans nos manières de fonctionner. En un mot, nous voulons nous moderniser.

Moderniser les collèges, cela veut dire assouplir la façon dont le travail y est organisé, faire place à un fonctionnement plus ouvert et plus créatif. Moderniser les collèges, cela veut dire aussi pouvoir appliquer des solutions locales en réponse à des besoins locaux.

Et si nous voulons faire cela, avec nos partenaires syndicaux et notre personnel, c’est parce que c’est le meilleur moyen de faire évoluer encore l’enseignement collégial. La formation que nous offrons au cégep s’est transformée en profondeur au fil des dernières années, mais l’organisation du travail n’a pas suivi. En fait, elle est restée presque la même depuis 30 ans.

On le voit tout de suite, ce déséquilibre — d’un côté, une organisation pédagogique qui évolue, de l’autre, une organisation du travail qui tarde à se transformer — ne peut plus durer. Il faut que chaque collège puisse utiliser ses propres ressources en fonction de ses propres besoins. C’est ainsi que nous pourrons le mieux répondre aux attentes des jeunes d’aujourd’hui, et à plus forte raison de ceux de demain.

Car c’est sur la qualité de la formation, et en particulier celle de l’enseignement supérieur, que la société québécoise des années 2000 devra s’appuyer. Cette société-là, nous la connaissons déjà : c’est une société ouverte, toujours en mouvement, qui cultive des liens partout dans le monde, une société dont les antennes sont bien orientées, qui exigera de chacune et de chacun d’entre nous qu’il « sache » et qu’il « connaisse » de plus en plus, de plus en plus vite, et toute sa vie durant.

Mieux répondre aux jeunes et aux adultes

Les collèges auront donc fort à faire dans la nouvelle société du savoir, et ils y travaillent déjà. Toutefois, pas autant qu’ils le souhaiteraient. Nous pensons par-dessus tout qu’il faut soutenir encore mieux les jeunes qui sont prêts à y mettre les efforts à réussir et à obtenir leur diplôme. Le D.E.C. doit d’ailleurs être considéré dès à présent comme le niveau minimal de scolarité auquel le plus de Québécois et de Québécoises doivent parvenir.

Un fonctionnement plus dynamique refléterait bien ce que les collèges font déjà avec leurs programmes, et leur permettrait d’aller encore plus loin. Au secteur préuniversitaire, la première des deux étapes qui conduit au baccalauréat, les jeunes viennent chercher une formation polyvalente, ouverte et cohérente, que ce soit en sciences, en lettres, en arts ou en sciences humaines. Au secteur technique, ils veulent une formation souple, à la fine pointe des connaissances, assez large pour qu’ils puissent s’adapter aux changements, et bien ajustée aux exigences du marché du travail. C’est à ces conditions que nos diplômés décrochent un emploi dans des proportions très élevées — dans 67 programmes techniques, en 1996, 90 % des diplômés ont obtenu un emploi; dans 37 d’entre eux, tous les étudiants en ont trouvé un.

Mais il n’y a pas que les jeunes. Nous formons aussi des adultes, qui reviennent au collège pour se mettre à jour ou pour développer de nouvelles expertises. Ici encore, une organisation du travail moins contraignante nous permettrait de mieux prendre en compte les besoins de ces étudiants, et de répondre plus vite à ceux des entreprises. Les adultes doivent avoir accès à la formation de leur choix, à des programmes variés et souples qui respectent la diversité de leurs besoins et qui débouchent sur une qualification reconnue.

Un fonctionnement vivant et moderne

C’est donc comme éducateurs avant tout que les cégeps entrevoient la prochaine négociation, la première depuis huit ans. Au fil des ans, les « devoirs » pédagogiques des collèges à l’endroit de leurs étudiants se sont transformés. Et ce qui a fait évoluer les choses, c’est au fond la société québécoise elle-même, dont les exigences se sont accrues et diversifiées. Les cégeps ne fonctionnent pas en vase clos, bien au contraire : ils sont reliés au monde qui les entoure, à leur région, aux entreprises et aux universités, avec qui ils entretiennent des relations étroites pour que la formation soit toujours mieux adaptée.

À bien y penser, ce que nous voulons retrouver dans nos établissements et dans la manière dont ils fonctionnent, ce sont les mêmes qualités que celles que l’on cherche à développer chez nos étudiants et nos étudiantes — ouverture, flexibilité, polyvalence. C’est à travers des modes d’organisation plus vivants et plus modernes que nous pourrons le mieux remplir notre mission. Voilà en tout cas ce que je nous souhaite d’ici l’an 2000.