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Ce texte a été publié dans l’édition de mars 2005 du journal Réseaux.

Par Gaëtan Boucher, président-directeur général de la Fédération des cégeps

En annonçant ses orientations sur le collégial, le 17 janvier dernier, le ministre de l’Éducation alors en poste, M. Pierre Reid, a établi de nouveau toute l’importance du rôle assumé par les cégeps depuis plus de 35 ans dans chaque région du Québec. Une réalité qu’il avait également évoquée en clôture du Forum sur l’avenir de l’enseignement collégial en juin 2004, affirmant que « les collèges québécois ont été au coeur de la construction du Québec moderne » et qu’ils ont « à leur actif des réalisations déterminantes en matière d’accès à l’enseignement supérieur et de développement de l’ensemble des régions du Québec ».

C’est en s’appuyant sur ces acquis que les collèges veulent continuer d’évoluer. Dans la vision d’avenir qu’elle a proposée lors du Forum collégial, la Fédération des cégeps a mis de l’avant des pistes d’action pour assurer le développement durable du réseau collégial public, renforcer son appartenance à l’enseignement supérieur et améliorer ses modes de gouvernance. Or les orientations ministérielles sont en deçà des attentes des collèges à cet égard. Elles ne reflètent pas non plus les intentions formulées par le ministre de l’Éducation lui-même lorsqu’il avait élaboré ses sept « zones d’évolution » à l’issue du Forum.

Même si elles sont loin de soutenir l’évolution des collèges, les orientations ministérielles permettent toutefois au réseau collégial public de franchir un pas de plus vers l’autonomie – un mouvement amorcé lors de la réforme de 1993. Les cégeps pourront donc agir encore davantage et plus directement sur leur formation en vue de bâtir une offre adaptée à la réalité de leur communauté, aux besoins actuels et futurs de leurs étudiants et à ceux du marché du travail. Cette autonomie accrue des cégeps aura également pour effet de favoriser l’accès des jeunes à l’enseignement supérieur et de soutenir leur réussite scolaire. Les 48 établissements du réseau seront ainsi en mesure d’accroître leur contribution au développement économique, social et culturel de toutes les régions, au moment où l’occupation du territoire et l’égalité des chances constituent des enjeux majeurs pour la société québécoise.

Du point de vue des cégeps, miser sur une autonomie plus grande afin d’offrir une réponse mieux adaptée aux besoins des jeunes, avec des programmes d’études élaborés en fonction des réalités liées à la société du savoir, c’est agir pour assurer la vitalité des régions. Dans cette perspective, ils attendent beaucoup du plan sur la formation professionnelle et la formation technique que doit déposer prochainement le ministère de l’Éducation. Ce plan devra s’appuyer sur une vision claire et prospective des enjeux, proposer des mesures concrètes pour faire évoluer la formation technique et maintenir l’accessibilité aux études collégiales dans toutes les régions du Québec.

Deux leviers essentiels

S’il est fondamental d’accorder aux collèges plus d’autonomie, il est tout aussi crucial de leur donner les moyens de se l’approprier et de la mettre pleinement en pratique, à travers des mesures liées au financement et à l’organisation du travail.

Depuis 2002, les cégeps ont proposé plusieurs pistes de solution en matière de financement, en tenant compte des effets de la diminution de la population dans plusieurs régions du Québec et de la capacité de payer de l’État. Ces hypothèses devront être réexaminées par le gouvernement. Les efforts de réinvestissement dans le réseau collégial public n’ont pas permis, par ailleurs, de redresser la situation financière des collèges, fragilisés au cours des années 90 par des compressions budgétaires sévères. Les nouvelles orientations ministérielles risquent d’engendrer des dépenses supplémentaires dont la hauteur reste encore à évaluer. Il est donc urgent d’allouer aux cégeps un financement minimal de 95 millions pour la prochaine année, auquel il faudra ajouter les ressources nécessaires à la réalisation des nouvelles orientations.

Par ailleurs, qui dit autonomie et souplesse dans le fonctionnement des collèges dit également marge de manoeuvre en matière d’organisation du travail. La mise en oeuvre des nouvelles orientations commande une adaptation des conventions collectives, ce qui devra être discuté dans le cadre de la ronde actuelle de négociation.

L’ensemble de ces questions fera l’objet d’échanges à venir entre la Fédération et le nouveau ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport, M. Jean-Marc Fournier. En parallèle, les collèges analyseront plus en profondeur les orientations ministérielles en vue de la commission parlementaire qui devrait suivre prochainement. À nos yeux, ces orientations constituent la première étape d’un processus d’évolution du réseau collégial public, qu’il faudra poursuivre et accentuer au cours des prochains mois et des prochaines années. Nous continuerons de consacrer des efforts à assurer le développement durable du réseau collégial public, à renforcer l’appartenance des cégeps à l’enseignement supérieur et à améliorer les modes de gouvernance. Tout cela dans le meilleur intérêt de la population étudiante et de chaque région du Québec.