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Réplique au texte de M. Gérard Boismenu, paru dans Le Devoir du 10 février 2010, publiée dans Le Devoir du 17 février 2010.

Par Gaëtan Boucher, président-directeur général de la Fédération des cégeps

À mon avis, Gérard Boismenu a raison lorsqu’il soutient que l’université ne peut être réduite à une seule et unique dimension et que ses finalités doivent être examinées dans une perspective plus globale. Ce qui est vrai pour l’université l’est d’ailleurs tout autant pour le collège. En effet, comme l’institution universitaire, le collège doit pouvoir se définir en lien avec les impératifs de développement de la société dans laquelle il s’intègre et en lien avec les enjeux auxquels cette société fait face.

En ce sens, la question posée par Boismenu, « Qu’attendons-nous de notre système universitaire au Québec? », doit également pouvoir s’appliquer aux cégeps et ainsi porter sur tout le système d’enseignement supérieur québécois. C’est aussi cela, adopter une perspective globale. Une vision stratégique d’ensemble et une cohérence sans faille de l’action des uns et des autres sont, en ces matières, fondamentales.

Sur la ligne de front

Première marche de l’enseignement supérieur, les cégeps forment la grande majorité des étudiants qui s’inscrivent au baccalauréat. Ces jeunes proviennent non seulement du secteur préuniversitaire, mais aussi du secteur technique où, bon an mal an, entre 20 % et 25 % des diplômés poursuivent leurs études à l’université.

En outre, les cégeps sont sur la ligne de front face au défi démographique et aux pénuries de main-d’oeuvre qualifiée dans des secteurs névralgiques de l’économie. Selon les prévisions d’Emploi-Québec, 67 % des 271 000 nouveaux emplois qui seront créés d’ici 2018 nécessiteront une formation postsecondaire. C’est plus de deux emplois sur trois! Cela suppose des développements significatifs, notamment au secteur technique collégial, et ce, tant à l’enseignement régulier qu’à l’enseignement aux adultes où le Québec tire encore de l’arrière. Seuls 23 000 adultes, faut-il le rappeler, ont accès au cégep présentement, alors qu’ils sont 290 000 à fréquenter les collèges ontariens. C’est dire le chemin qu’il nous faut parcourir collectivement.

D’autres défis encore attendent le Québec et son réseau d’enseignement supérieur. Que l’on pense simplement à l’effort de recherche, de transfert et d’innovation, qui doit être augmenté, et à l’ouverture sur le monde, qui signifie en particulier favoriser la mobilité étudiante et enseignante, et soutenir l’accueil d’étudiants internationaux en sol québécois.

Une idée séduisante

Devant l’ampleur des défis qui s’annoncent, M. Boismenu émet l’idée séduisante d’élaborer une « politique publique » des universités au Québec — politique qui doit comprendre les collèges. En effet, si le gouvernement prenait la décision de conduire une réflexion prospective et stratégique de cette nature, j’estime primordial qu’elle englobe l’ensemble du réseau d’enseignement supérieur.

Au moment même où émerge un consensus fort sur le rôle primordial de l’éducation pour un Québec compétitif et prospère, au moment même où l’environnement dans lequel évoluent les collèges et les universités se complexifie, un tel échange d’idées sur les finalités de l’enseignement supérieur n’aurait-il pas sa raison d’être? Quels sont les objectifs auxquels les établissements doivent répondre en priorité? Comment les collèges et les universités peuvent-ils contribuer plus et mieux au développement socioéconomique du Québec? Et quelles sont les conditions de réalisation qu’il faut mettre en place?

Ce type de questions, d’autres sociétés et d’autres organisations y ont réfléchi ces dernières années : par exemple, le Nouveau-Brunswick, l’Ontario, l’Alberta et la Colombie-Britannique, ainsi que l’OCDE en collaboration avec 24 de ses pays membres. Dans tous les cas de figure, ce qui apparaît certain à l’issue de ces démarches de planification stratégique, c’est que la vision de l’enseignement supérieur doit être claire, cohérente et partagée par les établissements d’enseignement. Pour la décennie qui s’ouvre et les suivantes, le Québec a tout intérêt à miser sur son réseau de cégeps et d’universités, et à privilégier à leur endroit une approche limpide et intégrée.