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Cette lettre a été publiée dans Le Devoir du 21 juin 2018.

par M. Bernard Tremblay, président-directeur général de la Fédération des cégeps

C’est avec un certain étonnement que nous avons pris connaissance de la lettre de M. André Campagna, publiée dans Le Devoir du 21 juin dernier sous le titre La Fédération des cégeps démissionne aussi devant l’anglais.

Comme il le rappelle lui-même, M. Campagna a notamment été directeur général du Cégep Gérald-Godin et, à ce titre, il a évolué au sein des instances de la Fédération des cégeps, avec toute la latitude pour y faire entendre sa voix. Par ailleurs, si elle a notamment pour rôle de défendre des positions consensuelles alors que ses 48 membres font face à des enjeux qui peuvent varier considérablement d’une région à l’autre, la Fédération des cégeps se fait un devoir de prendre en considération les commentaires des représentants de son réseau, qu’ils y soient encore actifs ou non. D’où notre surprise de voir un ancien directeur général de cégep choisir la voie des médias pour exprimer son point de vue.

Puisque la lecture que fait M. Campagna des actions actuelles de la Fédération des cégeps semble prendre essentiellement appui sur une position qu’elle a tenue il y a maintenant près de 25 ans, en lien avec la création d’un nouveau cégep dans l’ouest de Montréal, il faut rappeler le contexte dans lequel s’ancrait cette prise de position. Les cégeps devaient alors composer non seulement avec une situation démographique qui posait particulièrement problème dans la région de Montréal, mais surtout avec un financement déficient qui menaçait déjà la formation et les services offerts dans les établissements existants. Cependant, dès son ouverture, le Cégep Gérald-Godin s’est joint à la Fédération des cégeps — qui regroupe ses membres sur une base volontaire, il faut le rappeler — et bénéficie depuis du soutien et de la collaboration entière de cette dernière.

Quant à la question récurrente de la langue d’enseignement au collégial, il est connu que la Fédération des cégeps, en accord avec l’ensemble des 43 cégeps francophones et des 5 cégeps anglophones, prône le libre choix. Pourquoi? Tout simplement parce que, contrairement à ce que propose M. Campagna, il ne saurait être question « d’appliquer la loi 101 » à des jeunes qui accèdent au cégep à 17 ans, puisqu’à cette étape, ils intègrent un établissement de l’enseignement supérieur, soit un niveau de notre système éducatif où le libre choix est une valeur fondamentale, comme c’est le cas partout ailleurs.

L’admission d’un étudiant dans un programme d’études et dans un cégep continue donc de se faire sur la base du dossier scolaire et non sur celle de la langue maternelle, une position que reflète bien le mémoire entériné par l’ensemble des cégeps, que la Fédération a déposé en 2013 auprès du gouvernement du Québec.

Au moment où les défis pour les 48 cégeps regroupés au sein de la Fédération des cégeps consistent plutôt à faire valoir la qualité de l’enseignement offert au collégial face à la concurrence mondiale, dans une société qui mise toujours plus sur le savoir, ainsi qu’à faire en sorte qu’un plus grand nombre de jeunes poursuivent leurs études au moins jusqu’au cégep pour y obtenir un diplôme, il nous apparaît que les enjeux cruciaux pour l’avenir du Québec et de ses jeunes se trouvent ailleurs.

Comme il a professionnellement contribué à sa qualité et à son accessibilité, nous ne doutons pas de l’attachement de M. Campagna à l’enseignement supérieur ni de l’importance qu’il lui accorde. Nous l’invitons donc à signer la déclaration commune lancée par tous les cégeps avec les établissements du réseau de l’Université du Québec dans le cadre des célébrations du 50e anniversaire de ces deux réseaux de l’enseignement supérieur. Cette déclaration réclame l’adoption d’une stratégie nationale en enseignement supérieur, une nécessité face à laquelle personne ne saurait « démissionner » et qui dépasse largement les débats de langue d’enseignement au collégial.